Les actifs et substances issus de la nature que l’on peut utiliser en production animale sont complexes et nombreux : huiles essentielles, oléorésines, extraits de plantes, molécules naturelles, ou de synthèse, etc…Pour exploiter au mieux leurs propriétés, il est essentiel d’avoir en tête quelques critères clés qui vous aideront à choisir la meilleure solution.
1. « Huiles essentielles », oléorésines, nature identique quelles différences ?
Pourquoi les plantes produisent-elles des actifs ?
Les végétaux se sont dotés de composés métaboliques dits secondaires car ils n’entrent pas dans la croissance de l’individu ou dans sa reproduction. Pourtant ils sont bien synthétisés et ont une fonction. Certains sont volatiles et sont impliqués dans la communication des végétaux vis-à-vis des prédateurs ou des congénères, soit pour rendre les organes inappétants (le plus souvent amers) soit pour rendre certains fruits attractifs (en vue de dissémination) quand ce n’est pas pour alerter les congénères ou même lutter contre d’autres espèces végétales. Bref, les animaux n’ont pas le monopole de la communication. Comprendre le langage des végétaux devient nécessaire si on veut pouvoir utiliser leur communication vis-à-vis des animaux d’élevage.
Quels sont les types d’actifs et les bonnes plantes à choisir pour un effet garanti ?
Les extraits végétaux autorisés sur le marché européen ont des compositions chimiques très variées et des modes d’actions très complémentaires. La composition des produits dépend du mode d’extraction et de la variabilité en actif. Choisir un procédé d’extraction très standardisé permet d’avoir des produits plus réguliers et donc des effets plus consistants.
Caractéristiques des huiles essentielles et autres extraits végétaux selon le mode d’obtention
Types d’extrait | Poudres broyées | Huiles essentielles | Teintures | Oléorésines | Nature identiques |
Méthode d’extraction | Broyage | Distillation | Macération alcoolique | Extraction dans un solvant | Synthèse chimique |
Concentration des actifs | Très faible | Forte | Faible | Forte | Quasi pur |
Variabilité | Importante | Élevée | faible | faible | Quasi nulle |
Facilité de standardisation | Impossible | Faible | Moyenne | Très élevée | Parfaite |
Coûts facial | Faible | Moyen | Important | Élevé | Moyen à importants |
Mais quel que soit le choix du produit que vous ferez, il sera confronté à une réalité complexe et fluctuante. C’est ce qui explique les effets parfois aléatoires des extraits végétaux. Pour faire face à cette complexité, une seule arme : la complexification. Il ne faut pas hésiter à mélanger les extraits et jouer sur leurs synergies pour élargir leur spectre d’action (consistance) ou baisser leur concentration (coût du traitement).
Le choix
La question devient alors quelles sont les synergies vraiment efficaces, et quelle proportion choisir entre des produits standardisés et purifiés, voire synthétiques pour la régularité et les produits naturels au large spectre mais souvent moins robustes.
2. L’expérience du fournisseur
En Europe, le cadre réglementaire lié aux substances utilisables dans l’alimentation animale est régulé par le règlement 1831/2003 CE. L’implication d’une entreprise dans une interprofession telle que la FEFANA est un gage de fiabilité dans le choix de son additif. C’est à ce niveau que se jouent les possibilités d’utilisation d’actifs dans l’aliment.
3. La formulation galénique est essentielle
Quel que soit le mélange d’actifs concentrés choisi à base d’huiles essentielles ou autre, celui-ci est ensuite formulé afin de contrôler le lieu de libération des actifs selon la fonctionnalité ciblée :
La sphère oropharyngée pour les produits neurosensoriels
Si l’on souhaite :
- Apporter une fonctionnalité attractante à l’aliment : arôme fonctionnel
- Réduire la perception du stress psychosocial : additif sensoriel
Alors on utilise un produit avec un mode d’action neuro-sensoriel qui agit d’abord au niveau des récepteurs sensoriels de la sphère oro-pharyngée. Une galénique spécifique garantissant un équilibre entre la stabilité et la volatilité des molécules fonctionnelles doit être utilisée
La sphère digestive pour les produits à action physiologique.
Si l’on souhaite utiliser les propriétés de régulation de la flore bactérienne de certaines huiles essentielles, il faudra opter pour une libération dans les parties digestives distales. Avec un support désagrégeant, la libération est alors « temps dépendante » et ne met pas en jeu de dégradation enzymatique. Pour comprendre, une modélisation de libération inspirée de la pharmacie illustre la mécanique de relargage de ce type de galénique (température et pH contrôlé).
4. Les tests de résistance au processus de fabrication de l’aliment
La pré-formulation est mise à l’épreuve du test industriel à travers des tests de granulation, thermisation ou encore extrusion. La stabilité du produit dans son support final (eau, aliment) est testée, ainsi que sa stabilité aux conditions de transport et de stockage (températures basse, élevée, choc thermique) et de compression. Des traceurs d’actifs sont dosés dans le produit et dans le support alimentaire afin de réaliser si nécessaire des réajustements au niveau de la formulation.
5. Le meilleur juge reste l’animal
Atteindre la cible dans l’animal
Pour les cibles digestives précises une étape de suivi des marqueurs actifs dans le tube digestif est ajoutée afin de s’assurer que les actifs atteignent leur lieu d’action en bonne concentration.
Le comportement animal est le meilleur témoin
Les 4 conseils précédents ne serviraient à rien si la solution choisie n’était pas évaluée par le juge le plus exigeant et le plus impartial : l’animal. Mesurer des indicateurs de performances de production est possible mais en se basant sur des indicateurs comportementaux en amont, la validation de la solution n’en sera que meilleure.
Observer le comportement de l’animal donne des indications sur son bien-être et est un indicateur précurseur des futures performances :
- la fidélisation à l’aliment et l’absence de refus
- l’augmentation du temps de repos et de rumination des vaches laitières
- la baisse du nervosisme et des griffures chez la volaille
- la diminution des diarrhées chez le porcelet
Pour bien choisir, faisons confiance à l’utilisateur final : l’animal !