Elevage et plaisir de manger : anthropomorphisme ou réalité ?

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Les animaux d’élevage prennent-ils du plaisir à manger ? Est-ce uniquement une lubie, liée à l’anthropomorphisme et à cette notion sociale du repas ? Le plaisir de manger peut-il améliorer les performances de l’élevage ?

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Elevage : le plaisir de manger est-il applicable aux animaux ?

Il existe probablement autant de définitions que de personnes, toutefois certaines caractéristiques ressortent régulièrement : le repas doit avoir bon goût, des bonnes odeurs, une jolie présentation dans l’assiette, être accompagné de la compagnie de ses proches et ses amis (même si certains ont trouvé la clé pour avoir plaisir à manger et apprécier seul). En fait, à regarder de plus près, deux grandes catégories émergent : la physiologie du corps (goûts et odeurs) et une notion sociale (les gens autour, la présentation du plat).

 

Physiologie du goût, de l’odeur et du plaisir

Comment ressent-on les goûts et les odeurs ?

Grâce à des récepteurs dits gustatifs et olfactifs. Et ces récepteurs sont également présents chez les animaux ! A quoi servent ces récepteurs ? A l’origine de l’origine… à identifier les aliments qui sont bons pour le corps et éviter les aliments toxiques, de manière innée mais pas que. De par leur mécanismes – ils sont en lien avec le cerveau – ils peuvent participer à établir une meilleure consommation de l’aliment, et donc de meilleures performances par la suite.

Niveau goût

C’est environ 7000 récepteurs gustatifs présents dans la bouche des humains. Bien pourvus en récepteurs gustatifs, les humains perçoivent et apprécient toutes les saveurs d’un plat. Et pour une vache ? 25 000 récepteurs. Un porc, une chèvre ? 20 000 récepteurs. Les animaux d’élevage ont du goût ! D’ailleurs, qu’est-ce que le goût ? Le goût c’est 4 dimensions :

  • les saveurs (au nombre de cinq),
  • la sensibilité trigéminale pour sentir le piquant/brûlant/astringent/pétillant…,
  • la somesthésie pour l’ensemble des sensations tactiles et proprioceptives (pression, consistance),

et enfin la rétro-olfaction pour percevoir les arômes de tout aliment : molécules volatiles, libérées lors de la mastication, en provenance de la bouche et perçues par l’épithélium olfactif !Oui, l’olfaction intervient bien dans le goût des aliments !

 

Côté odeurs

L’olfaction, c’est LA première étape entre un être vivant et ses aliments. L’olfaction c’est même une science qui consiste à comprendre les caractéristiques des différentes molécules volatiles, leurs degrés de volatilité, leur résistance dans chaque environnement, leur caractère attractant ou pas, leurs seuils de détection, leurs seuils de répulsion, de leurs effets sur le cerveau (attractant, activation du centre du plaisir ou autre…)

 

Comment les odeurs sont-elles détectées ?

Grâce à la muqueuse de la cavité nasale, uniquement ! Les humains ont environ 9 cm² d’épithélium olfactif, au coude à coude avec les oiseaux qui en ont 5 cm². Bien loin devant se placent les ruminants et les porcs avec environ 100 cm² !

Finalement bien mieux équipés que les humains, les performances des animaux à goûter et sentir leurs aliments, et d’en apprécier ou non leur profil aromatique, deviennent alors frappantes.

Et le plaisir dans cette physiologie ?

Les récepteurs olfactifs et gustatifs sont évidemment en lien avec le cerveau et sont un canal pour aller activer le centre du plaisir dans le cerveau. Pour autant, faut-il avoir le bon déclencheur… Le cerveau répond positivement de manière innée à des composés olfactifs et gustatifs bien précis qui vont activer le centre du plaisir. Pour véhiculer ces noyaux et leur permettre d’être identifiés par les bons récepteurs, rien de mieux qu’un arôme, qui en plus renforcera l’action du centre du plaisir en offrant à l’animal un aliment aux profils olfactif et gustatif attrayants quelques soient les conditions. La nourriture étant déjà sélectionnée pour les animaux en élevage, il est d’intérêt d’apporter grâce à l’aliment les composants qui pourront activer ce centre du plaisir : pour maintenir de bonnes performances alimentaires tout en améliorant le bien-être animal.

Comment le plaisir de manger influe-t-il sur les performances en élevage?

Les organes de l’olfaction sont reliés à :

  • des centres nerveux qui vont provoquer des comportements innés,
  • à la mémoire ce qui initiera un comportement acquis.

Ces stimulations n’ont pas besoin d’être perçues consciemment pour agir. C’est pourquoi ceux qui maitrisent ce langage subliminal maitrisent aussi le comportement et le bien-être animal.

Activer le centre du plaisir du cerveau via l’aliment procure du bien-être chez l’animal, mais également de la rassurance. Les conditions d’élevage,  bien qu’étant sans cesse adaptées pour améliorer le bien-être des animaux et  limiter les facteurs de stress, ne permettent pas en effet d’effacer complètement les chutes d’ingérés alimentaires qui y sont directement liées et impactent négativement les performances : transitions alimentaires, sevrage, période de tarissement,Rassurer l’animal avec un aliment qui active son centre du plaisir permet de fidéliser l’animal à l’aliment. La conséquence directe est une meilleure consommation de l’aliment et donc une meilleure valorisation de l’aliment.

 

Le plaisir de manger pour les animaux d’élevage est une réalité et agit de manière bénéfique sur la consommation des animaux. Utiliser ce plaisir de manger chez l’animal en activant le centre du plaisir du cerveau, via des noyaux aromatiques spécifiquement sélectionnés qui sont perçus par les récepteurs olfactifs et gustatifs et reconnus positivement, permet une consommation alimentaire sécurisée et donc un aliment mieux valorisé. Cet aliment qui, rappelons-le, est à la base des performances de l’élevage.

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