La consommation de blocs de minéraux et l’ingestion précoce d’aliments sont deux situations difficiles pour la production de ruminants et nous amène à nous poser des questions.
Consommation d’aliments minéraux : un challenge pour l’ingestion volontaire
Qui n’a pas, dans le secteur de l’alimentation animale, rencontré des difficultés d’ingestion pour les « aliments » minéraux des ruminants ? Un bloc minéral qui n’est pas consommé comme il devrait l’être entraîne une insuffisance des bénéfices nutritionnels attendus qu’il est censé apporter et peut être décevant pour l’éleveur. Comment convaincre les ruminants de manger, volontairement, un bloc ou un aliment concentré en minéraux de tous types ?
Un retard dans la prise d’aliments ne doit jamais être sous-estimé.
Qui n’a pas constaté de mauvaises performances des animaux en raison d’une prise alimentaire trop tardive du jeune veau ? Tout le monde sait qu’un retard dans la prise d’aliments pour le jeune animal réduira ses performances même longtemps après ce stade physiologique précoce et entraînera des animaux plus faibles et moins productifs. Comment alors convaincre un jeune veau de chercher et de manger son premier aliment le plus tôt possible ?
Pour convaincre les ruminants, regardons ce qui compte pour eux
Deux paramètres couramment négligés responsables du rejet de minéraux par les ruminants
Aliments minéraux, suppléments, seaux ou blocs, de nombreuses formes ont été développées afin d’alléger la charge de travail des agriculteurs pour fournir un aliment adapté aux besoins nutritionnels de leurs animaux. Cependant, la présence de certains composés est absolument nécessaire pour un aliment équilibré mais lui confère un goût désagréable que les ruminants détectent très facilement même à de faibles niveaux.
En effet, les ruminants sont bien dotés pour l’odorat et le goût, avec plus de 20 000 papilles gustatives (contre 7 000 chez l’homme) et environ 100 cm² d’épithélium olfactif (contre 9 cm² chez l’homme). Ces deux paramètres compliquent l’absorption par l’alimentation de composés aux goûts naturellement désagréables. En effet, les minéraux ne sont pas connus pour être attractifs ou appétissants. Les ruminants le savent très bien – grâce à leurs récepteurs oropharyngés, ils détectent et réagissent fortement à l’odeur et au goût désagréables de ces composés.
Une combinaison de différents paramètres responsables d’un retard dans la prise d’aliments par les veaux
Le début de la vie d’un veau est remplie de défis qui peuvent être physiologiques ou comportementaux : immaturité des organes digestifs, transition alimentaire, variation des conditions de vie, etc. Si l’on y regarde de plus près, l’une des premières réactions face aux différents défis est de diminuer instantanément la consommation ou même d’arrêter de manger. Ces baisses d’alimentation, surtout lorsqu’elles surviennent au début de la vie de l’animal, induisent des retards qui auront un impact sur l’animal et ses performances tout au long de son cycle de production :
- la croissance,
- la production
- le poids vif
- la santé
Notre défi consiste à convaincre le veau de manger suffisamment tôt et en quantité suffisante pour éviter tout retard dans la prise alimentaire, ce qui réduirait les performances de l’animal. La solution aux deux situations mentionnées ci-dessus est de motiver les animaux à manger. Mais comment ?
Trois modalités différentes qui renforcent la motivation à manger
La motivation d’un jeune ruminant pour une prise alimentaire précoce ou d’un adulte pour consommer la source minérale peut être déclenchée par une combinaison de différents aspects :
- Attraction
- Stimulation de l’appétit
- Appétence
Attraction
L’attraction est la clé pour motiver un ruminant à aller vers un bloc de minéraux, ou un jeune animal à chercher son premier aliment. En effet, par nature, les ruminants sont attirés par des molécules spécifiques, tout comme les porcs ou les volailles. Ils sont inconsciemment attirés par ces composés volatils spécifiques : certains peuvent être communs à toutes les espèces, d’autres sont spécifiques à une espèce. Si le bloc ou l’aliment de démarrage libère ces molécules attractives, celles-ci seront détectées par les récepteurs olfactifs des ruminants et reconnues par le cerveau comme quelque chose d’intéressant.
Stimulation de l’appétit
Une fois que l’animal a mangé la nourriture, comment peut-on stimuler son appétit ? La deuxième chose à considérer est que l’appétit est en fait un message envoyé au cerveau, qui peut être activé par des composés spécifiques identifiés par les récepteurs oropharyngés. Des composés spécifiques peuvent jouer ce rôle de déclencheur du message de l’appétit.
Appétence
Le troisième facteur est le goût, qui est un paramètre très important à prendre en compte. Quel que soit l’attrait, si l’aliment n’a pas bon goût, il ne sera pas consommé correctement. Quelle meilleure option pour faire manger un animal que de lui offrir un aliment qui convient parfaitement à ses récepteurs gustatifs ?
Comment déclencher facilement ces trois niveaux de motivation ?
Créer l’attraction nécessaire
Des molécules attractives spécifiques à l’espèce doivent être libérées dans l’air à partir de la nourriture. Les ruminants seront inconsciemment attirés par ces molécules et iront là où la concentration est maximale : au niveau de l’aliment ou du bloc.
Stimuler le message de l’appétit
Lorsque l’alimentation contient un noyau d’extraits de plantes adaptées aux ruminants, spécifiquement choisis et combinés ensemble, elle déclenche les récepteurs oropharyngés et stimule le message d’appétit spécifique dans le cerveau. Ainsi, lorsque les ruminants mangent le bloc ou les jeunes leur aliment de démarrage, le message d’appétit dans le cerveau sera activé et motivera les animaux à revenir au bloc/à l’aliment de démarrage et à bien manger. Un cercle vertueux se met en place.
Améliorer le goût
Un noyau appétissant améliorera l’appétence du bloc minéral ou de l’aliment de démarrage en apportant un goût sucré bien équilibré. Le goût sucré dans la nature est perçu comme indiquant la présence d’énergie et est apprécié par toutes les espèces (y compris les humains). Ainsi, les milliers de papilles gustatives dans la bouche du ruminant identifieront le goût comme étant bon.
La motivation est un élément clé de la consommation d’aliments pour l’animal et peut être facilement déclenchée
Les ruminants sont sensibles à la nourriture qu’ils consomment. Notre défi est de les convaincre de favoriser positivement toutes sortes d’aliments, y compris les moins appétissants, surtout s’ils sont nécessaires sur le plan nutritionnel. Notre défi est de stimuler leur consommation d’aliments au début des étapes clés, comme juste après le sevrage, afin d’éviter un comportement alimentaire nuisible pour les performances futures. La combinaison équilibrée de molécules attractives très spécifiques, de la stimulation de l’appétit et de l’appétence est idéale pour amener les ruminants à manger tôt sur une courte période, qu’il s’agisse de jeunes pour de meilleures performances à venir, ou d’adultes pour consommer sans hésitation leurs blocs minéraux et à bénéficier alors de leur alimentation équilibrée.