La notoriété des épices en tant qu’ingrédients pour l’alimentation animale ne fait que croître, et leur présence dans les différentes solutions naturelles sur le marché des ingrédients de nutrition animale ne fait que grandir. Cela est notamment dû à leurs nombreuses propriétés bénéfiques et à leur disponibilité sur le marché de par leur présence en alimentation humaine.
Les épices brûlantes ou piquantes : pas qu’en bouche !
Lors du précédent article, nous expliquions les mécanismes liés à la sensation de chaleur obtenue lors de l’ingestion de certaines épices comme le piment ou le poivre. En effet, cette sensation, induite par une perception sensitive – et non pas gustative ou olfactive – due à l’activation de récepteurs (TRP1V et TRPA1) est assimilée à une sensation de douleur par l’organisme. Ces récepteurs sont présents dans la bouche mais également sur les muqueuses et sur la peau. De ce fait tout contact avec ces épices engendre une réaction désagréable pour l’éleveur ou l’opérateur du produit ainsi que l’animal.
Des précautions à prendre
Si la capsaïcine est la « star » du marché des épices, son exploitation n’est pas sans risque. Sa capacité à se transférer sur les particules aérosols lui confère des propriétés extrêmement irritantes pour la peau et les différentes muqueuses. L’utilisation d’EPI (équipement de protection individuelle) est indispensable en usine et au laboratoire. On observe le même effet irritant avec le poivre ou le gingembre à des niveaux d’intensité moins importants (d’ailleurs, le « gaz poivré » utilisé lors d’émeutes est en fait majoritairement constitué de capsaïcine (piment)).
Comment les exploiter au mieux ?
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Ni trop, ni trop peu
La première étape indispensable est de déterminer un dosage adéquat pour l’animal entre bénéfices et sensation de chaleur supportable et sans nocivité. A cette dose effective pour l’animal s’ajoute la contrainte de manipulation aisée et sans risque en usine. La concentration des actifs et le procédé d’extraction sont à prendre en compte.
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Une protection à toute épreuve
De nombreuses technologies existent sur le marché. La protection de l’actif est la résultante de savoir-faire galéniques et de connaissances en chimie moléculaire. Cette protection rend tout d’abord le produit moins dangereux et plus facile à manipuler. La protection est également utile vis-à-vis de l’environnement auquel l’actif sera exposé. Enfin, la protection joue un rôle post-ingestion. L’actif n’est alors pas inhibé, altéré ou assimilé au mauvais endroit et même relargué dans les organes ou les cellules cibles. Cette vectorisation apparaît donc comme une solution doublement bénéfique pour l’homme et l’animal.
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Un travail collectif
Plus on est de fous, « mieux » on rit ! Plusieurs épices dans la longue liste existante, ont des propriétés synergiques : l’utilisation conjointe multiplie leurs bénéfices d’utilisation. L’exemple le plus connu est l’association du poivre avec le curcuma : la pipérine, molécule proche de la capsaïcine et présente dans les poivres, permet d’améliorer la biodisponibilité de la curcumine de près de plus de 20 fois (Shoba et Al. 1998) ! Une utilisation conjointe de ces deux épices permet de potentialiser les bénéfices propres à chacune (secrétions digestives et régulations métaboliques pour le poivre, antioxydant et anti-inflammatoire pour le curcuma).
Vous l’avez compris, pour garder tous les bénéfices des épices, il ne faut pas jouer les apprentis sorciers. Il convient de s’adresser à un spécialiste de l’animal qui connait les meilleures synergies pour pouvoir cibler les applications souhaitées. S’adresser à un spécialiste de la galénique capable de protéger les actifs est essentiel pour permettre de réduire leur concentration efficace, diminuer les effets secondaires ainsi que les coûts de traitement.