La caudectomie : enfin une pratique du passé? (partie 1)

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Si la caudectomie du porcelet fait encore partie des pratiques d’élevage c’est parce qu’on s’accorde à dire qu’il s’agit de la solution la plus efficace pour prévenir la caudophagie. Cette pratique est le résultat d’un problème complexe et multifactoriel.

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La caudectomie en systématique : une interdiction depuis 1994

Dès 1994, une législation a été adoptée en Europe pour interdire la caudectomie chez le porcelet en systématique. Depuis, la législation a été modifiée à plusieurs reprises et mise à jour par la directive 120/2008/CE (la « directive porcine ») qui précise les mesures à prendre avant qu’un éleveur puisse recourir à la caudectomie (comme la densité et la mise à disposition de matériaux manipulables). Mais malgré cette réglementation, la caudectomie reste une pratique courante dans de nombreuses exploitations porcines en Europe. Il y a cependant quelques exceptions. En Finlande et en Suède, en raison de règles nationales plus strictes que la législation européenne, la coupe de queue n’est plus autorisée. En Norvège et en Suisse, moins de 5 % des porcs ont la queue coupée.

Caudophagie: un affaire économique et de bien-être animal

Afin d’améliorer encore plus la santé et le bien-être des animaux, le travail de l’éleveur ainsi que l’acceptation sociale de la production porcine, il serait bon de renoncer à la caudectomie. Seulement il faut pouvoir garantir une bonne gestion des risques de caudophagie ! En effet à ce jour la caudectomie est la solution la plus efficace pour prévenir les morsures de queue. De plus, la caudophagie n’est pas seulement préjudiciable au bien-être des animaux, elle a aussi un coût économique. Les morsures de queue peuvent être classées en deux groupes : le stade pré-lésionnel, avant toute blessure sur la queue, et le stade lésionnel, lorsque la queue est blessée et saigne. Les infections et les lésions peuvent provoquer des saisies à l’abattoir et même entraîner la mort dans les cas graves. Des recherches menées au Royaume-Uni ont montré que la caudophagie peut entraîner une perte allant jusqu’à 43 % de la marge brute par porc, en raison des déclassements de carcasses et des saisies abattoir.

Les principaux facteurs de risque du comportement « mordeur »

La caudophagie est un problème complexe et multifactoriel. Les causes précises de ce comportement sont inconnues mais de nombreux facteurs de risque ont été identifiés.

Les principaux facteurs de risque à la caudophagie sont :

  • Le manque d’enrichissement, de matériaux manipulables dans l’environnement des porcs
  • Une mauvaise ventilation, des variations de température importante, un niveau élevé d’ammoniac
  • Une densité élevée et une taille de groupe importante
  • Un inconfort digestif
  • Un faible état de santé
  • Une mauvaise alimentation
  • et enfin des facteurs individuels (âge, génétique).

L’enrichissement de l’environnement du porc : bénéfices et coût


L’ajout d’enrichissement sous forme de paille, de chaînes ou de jouets est l’une des actions les plus puissantes pour prévenir ou minimiser les morsures de queue. Depuis 2003, la mise à disposition de matériaux manipulables appropriée aux porcs est obligatoire dans toute l’Union Européenne. Pourtant, le coût des matériaux manipulables et le travail supplémentaire demandé sont souvent perçus comme un frein à la mise en place de telles solutions. Pour contrer cela la Commission européenne a publié un rapport montrant qu’en Suède, le coût de l’enrichissement en paille ne représente que 0,25% du coût de production en engraissement et 2,8 à 4% du coût de production en gestante. En Suisse, les dépenses liées aux bottes de paille s’élèvent à environ 90 centimes d’euro par porc. La Finlande et la Suède qui ont complètement arrêté la caudectomie en routine ont un coût de production moyen de 1,66 € et 1,63 € par kg de poids de carcasse, ce qui n’est même pas le plus élevé de l’UE.

Réduire la densité est-ce suffisant?

La surface par porc mais également les manipulations ont  un effet sur l’agressivité et les morsures de queue. Une étude allemande a montré que sur des porcs à queue longue les lésions caudales étaient plus élevées lorsque les porcs étaient manipulés (regroupement et transfert), par rapport à des animaux qui restaient dans le même bloc d’élevage du post-sevrage à l’engraissement.

D’autres recherches ont confirmé que la réduction de la densité modifiait le comportement des porcs et réduisait les niveaux de corticostéroïdes fécaux, soulignant une amélioration du bien-être animal.

Bien que l’enrichissement du milieu et la densité soient des facteurs importants, ils ne peuvent à eux seuls éradiquer le comportement de caudophagie. La variabilité des réponses aux différentes solutions habituellement proposées met en évidence la dimension individuelle de ce comportement déviant. Il apparait donc essentiel de s’intéresser à la capacité d’adaptation de l’individu et à sa gestion du stress pour pouvoir appréhender au mieux la caudophagie.

Dans la deuxième partie de cet article, nous nous intéressons à la gestion du stress par l’animal.

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