La crise sanitaire liée au COVID-19 a des conséquences sur le prix du lait. Baisse de consommation et des exportations, la conjoncture de la filière laitière devient morose.
L’interprofession a donc demandé aux éleveurs laitiers français de réduire momentanément de 2 à 5% la production de leurs troupeaux. Si dans l’ensemble tous les acteurs s’accordent pour se plier à cette nécessité, l’accompagnement proposé par les organismes de collecte diffère.
Chute du prix du lait = Retrait de tous les additifs de la ration ?
Les tensions sur le « prix du lait » se répercutent sur le prix de l’aliment. La tentation de demander le retrait de l’ensemble des additifs de la ration revient inextricablement à chaque tension. Elle participe à l’analyse comptable simple : diminuer les charges en retirant de la ration ce qui ne semble pas indispensable comme les additifs. Mais si on pousse cette stratégie trop loin, on risque certes d’avoir très peu de charges mais d’avoir également une bien moindre production de lait et donc de revenu. Que l’on soit ou non en situation de tension sur le prix du lait et des volumes, optimiser le revenu est primordial pour l’éleveur laitier. La crise ne vient que modifier les leviers d’optimisation. Alors ne jetez pas tous les additifs tout de suite.
Quels sont les paramètres modifiés par la conjoncture laitière ?
La politique de confinement lié au COVID-19 impacte fortement l’équilibre des échanges de denrées agricoles et les habitudes de consommation. De fait, la conjoncture laitière s’en trouve déséquilibrée. En ricochet, le revenu des éleveurs laitiers est directement impacté par :
- la réduction du volume de lait à produire (baisse du chiffre d’affaires)-
- la baisse du prix du lait standard (baisse du chiffre d’affaires)
- Des difficultés d’approvisionnement en matières premières comme le tourteau de soja (coûts de production)
En ayant perdu des volumes à produire, les éleveurs devront se focaliser sur l’amélioration des marges sur coût alimentaire en :
- Maximisant le prix du lait par la qualité
- Diminuant les coûts alimentaires
Quels additifs retenir pour maximiser le prix du lait ?
Se concentrer sur les indicateurs qualités rémunérés
Afin de maximiser le prix du lait payé à l’éleveur, il faut proposer les additifs qui permettent une amélioration des indicateurs qualité rémunérés :
- Taux protéique
- Taux butyreux
- Cellules
Faire le bon choix pour le prix du lait
Il faut donc retenir un additif capable de :
- soutenir la matière protéique par un apport de protéine métabolisable satisfaisant via les concentrés protéiques
- stimuler la production de matière grasse dans le lait lors de la mise à l’herbe par exemple
- ou encore maintenir un taux cellulaire gratifiant
Dans une logique de réduction des coûts alimentaires, mieux vaut sélectionner un additif ayant un effet à la fois sur la qualité du lait et sur l’état de santé général de l’animal.
Quels additifs retenir pour baisser les coûts alimentaires ?
Limiter la hausse des coûts matières premières
La crise perturbe également les échanges de tourteaux de soja, ce qui a rendu les prix très volatiles avec un pic fin mars. L’utilisation d’additifs à base d’actifs végétaux en combinaison avec d’autres sources de protéines permet de limiter une hausse potentielle du coût des formules de concentrés protéiques indispensables à l’équilibre des rations.
Limiter les risques d’acidose saisonnière
La mise à l’herbe est une période où le risque d’acidose augmente : contrôler le pH ruminal est primordial pour l’efficacité et la santé du rumen. Aussi la vache va ingérer une part plus importante de fibre par le pâturage en tant que tel mais également par les repas fibreux pour ralentir le transit. Valoriser ces fibres au maximum est l’opportunité de bénéficier d’une source d’énergie relativement sécurisée et d’améliorer le taux butyreux du lait particulièrement recherché aujourd’hui.
Pour affranchir les animaux de la conjoncture
Une vache n’est pas une usine à lait
Les ruminants sont des animaux particulièrement dépendants de leur microbiote qui lui-même est sensible aux évolutions de formules mais aussi à la présence de certains additifs. Les adaptations de ce microbiote à chaque évolution prennent plusieurs semaines et ne se font pas toujours sans mal.
Préserver son cheptel
Malheureusement dans notre système économique, les évolutions de conjoncture sont brutales et trop rapides pour les animaux. Faute de pouvoir modifier ce système, nous devons protéger les ruminants de ces changements rapides en les rendant plus agiles. Il ne s’agit pas de trouver un additif pour les périodes de baisse de production, un autre pour les périodes de forte demande, un troisième pour faire plus de TB ou plus de TP… Il s’agit de renforcer les animaux pour qu’ils soient plus adaptables. Car si aujourd’hui il faut miser sur la qualité, demain il faudra augmenter la production aussi vite qu’il a fallu la diminuer. Alors qui sera prêt le plus rapidement ?