Nourrir 9 milliards d’humains en 2050 : un nouveau défi pour la production animale ?

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En 2050, la population mondiale devrait atteindre 9 milliards. On estime un besoin supplémentaire de 60% en aliments en incluant la part liée aux protéines animales. Dans un monde en plein boom, tiraillé entre mondialisation, urbanisation, réchauffement climatique, épuisements des ressources et inégalité des populations, quel est le défi à relever pour la production animale ?

production animale

La production animale au cœur d’un contexte multidimensionnel

Les systèmes de production animale ne sont pas homogènes partout dans le monde, nous en avons tous conscience. L’enjeu est donc d’arriver à créer un système alimentaire durable qui prenne en compte les disparités des systèmes de production mais qui garantisse aussi la sécurité alimentaire, la bonne nutrition et la pérennité pour les générations futures à l’échelle planétaire. L’élevage Européen n’est pas au même niveau technique que celui du centre de l’Afrique, et n’a pas les mêmes contraintes qu’au Brésil ou aux Philippines. S’ajoutent à cela, les spécificités liées aux climats, aux civilisations, à l’histoire et aux richesses de chaque pays. Pourtant, l’objectif final est le même : la production de ressources alimentaires durable. Ce vaste programme est appuyé par l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture  qui ne peut que constater l’ampleur du challenge qui attend le secteur de la production animale.

Les alternatives aux protéines issus de la production animale

Les protéines d’insecte

Les insectes constituent une séduisante nouvelle ressource en protéine : facile à produire, il faut 5 fois moins d’aliment et 10 fois moins de temps que pour élever des ruminants à taux de protéines égal ! En plus, cette production est peu consommatrice d’espace et rejette peu d’émissions de gaz à effet de serres. Cependant on ne retrouvera pas ces petites bébêtes dans nos assiettes tout de suite car les alternatives protéiques à base d’insectes ont besoin d’avoir un cadre réglementaire clair. En particulier, le potentiel allergène élevé des protéines d’arthropodes doit être évalué.  De plus, il faudra dépasser l’aspect peu ragoutant du steak de sauterelles ou être pleinement convaincu du bénéfice pour la planète pour sauter le pas !

Les protéines végétales

Consommer moins de protéines animales c’est tendance…Les courants alternatifs actuels de diminution de consommation de viande comme le flexitarisme, voire d’arrêt total, amènent une partie de la population à considérer des ressources végétales avec un œil nouveau et à délaisser les aliments issus de la « production animale ».  Alors serons-nous limités à consommer du soja et du quinoa pour subvenir à nos apports protéiques ? Nous en sommes loin et surtout ces considérations sont valables dans les pays occidentaux car :

  • Les protéines animales sont souvent plus assimilables et ont un meilleur équilibre nutritionnel pour l’humain
  • L’élevage valorise des surfaces non arables ou des coproduits des productions végétales non consommable par l’homme
  • 1 milliard de la population mondiale vit en dessous du seuil de pauvreté et n’a que l’élevage pour apporter une fraction protéique à son alimentation

En résumé, avec l’augmentation de la population mondiale, même si les régimes alimentaires se modifient, le besoin en protéines animales continuera à augmenter (porté par les pays en croissance démographique). Certaines productions animales observeront un développement plus fort car répondant localement mieux à   de nouveaux critères tels que l’empreinte carbone ou encore l’économie circulaire.

9 milliards de consommateurs surinformés et exigeants

Un élevage respectueux de l’environnement, réduisant ses émissions de gaz à effets de serres, garantissant une alimentation saine et durable : voici la demande des consommateurs occidentaux et le plus grand défi de la production animale pour les années à venir.

La durabilité

Les paramètres zootechniques n’ont cessé de s’améliorer. Ces indicateurs de performance sont désormais bien connus et maitrisés en élevage. Maintenant, ce sont de nouveaux critères de performance qui sont attendus, plus globaux, on cherche à qualifier la performance d’un élevage dans son écosystème et à mesurer son impact sur l’environnement. Et les outils d’évaluations se multiplient : analyse en cycle de vie, chartes de bonnes pratiques, normes qualité ou encore évaluation de la quantité d’azote et phosphore rejeté dans les effluents. Pour répondre à ce nouvel enjeu d’impact d’environnemental, la production animale a encore de belles cartes à jouer. L’optimisation de l’utilisation des nutriments et des minéraux dans les rations, la valorisation des coproduits, le renforcement de l’animal en prévention des maladies, etc…

L’antibiorésistance

Selon l’OMS, la résistance aux antibiotiques est l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale. Le secteur de la production animale est un levier important dans le programme de lutte contre l’antibiorésistance. La réduction de l’utilisation des antibiotiques à l’usage de promoteurs de croissance s’est largement répandue grâce à la sélection génétique, aux pratiques d’élevage mais aussi grâce à l’apparition d’alternatives efficaces, notamment d’ingrédients à bases d’extraits d’huiles essentielles et des épices.

La transparence des produits

Le consom’acteur ne veut plus acheter sans une garantie de sécurité des  aliments, il veut tout savoir, « De la ferme à la fourchette ». Les différents scandales sanitaires y sont surement pour beaucoup : développement des antibiorésistances, crise de la vache folle, grippe aviaire, et maintenant le COVID. Concrètement pour la production animale cela veut dire être capable d’intégrer une notion de transparence dans les pratiques et dans la sélection des intrants. A l’instar de l’industrie agroalimentaire qui fait la chasse aux sorcières E250, E621, etc…, le consommateur attend de la production animale une prise de responsabilité pour la sécurité de tous.

La production animale : un sujet pour tous mais surtout pour nos animaux

Toutes ces nouvelles tendances s’ajoutent aux exigences déjà présentes en élevage. Un millefeuille de plus en plus épais qui ressemble à un cahier des charges à rallonge. Qu’on le veuille ou non, le sujet sera suivi par les consommateurs et l’élevage devra encore une fois s’adapter à ce nouveau challenge. Il ne s’agit pas d’une tendance Française ou Européenne, les modèles émergents aussi n’y couperont pas et devront s’y adapter plus tôt que les anciens modèles. Or si toutes ces contraintes tournent autour de l’animal :

  • Aliment
  • Bâtiment
  • Bonnes pratiques d‘élevage

L’animal reste le seul à pouvoir en faire la synthèse. Alors, pourquoi ne pas saisir cette opportunité pour remettre l’animal au cœur de la préoccupation et de faire évoluer nos systèmes vers un objectif de bien-être de nos animaux de rente ?

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